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Intouchable

Publié le par Bullomaniak

Championnat du monde sur route féminin 2013

Marianne Vos a gagné. Encore. Elle fut la plus forte, la plus agréable à regarder sur un vélo, la plus sûre dans ses choix tactiques. On peut regretter que l'opposition ne fut pas plus virulente ; la faute en revient à une admirable Van den Bregge qui contrôla à merveille les successives attaques du clan italien. On peut l'imaginer sans peine combattre pour le titre mais face à sa si impressionnante leader le bon goût reste de s'effacer.

Étrangement, personne ne put recevoir de bon de sortie. Échaudé par l'exemple des juniors et la victoire de Amalie Dideriksen au terme d'une longue échappée, le peloton décida de rester groupé jusqu'à l'entrée sur le circuit. Ce fut pour disperser plus encore les troupes. Dès la première ascension les américaines embrayèrent. Panique en queue de peloton ! Des groupes entiers disparaissaient de la vue des caméra. En haut de la première ascension, alors qu'il en restait encore quatre, une petite cinquantaine d'unités subsistaient en tête de course.

On doit alors avouer deux tours d'ennui. Personne ne parvint à partir, quelques unités disparaissaient à l'arrière, réduisant le peloton à une trentaine d'unité à l'entame de l'avant-dernier tour. Mais la course se réveilla subitement. La longue ascension du parcours vit les attaques de Russes, d'italiennes, d'américaines se succéder, l'une remplaçant l'autre à l'avant dans un effort toujours plus poussé, toujours plus difficile à suivre pour la majorité des coureuses, jusqu'à ce que, enfin, le bouchon saute et le groupe jusqu'ici constamment groupé vole en éclats. Huit femmes se retrouvaient en tête : Vos bien sûr, sa coéquipière Van den Bregge, trois italiennes, Johansson, Stevens et Villumsen ayant au bout de ses capacités accroché le wagon de tête.

Imaginons alors un autre scénario. Van den Bregge saute dans le raidard du parcours. Vos se retrouve seule face à la surreprésentation italienne. Les trois autres concurrentes ne lui apportent aucune aide. Quel somptueux bazar cela aurait-il pu donner ! Il convient de louer la maîtrise parfaite de Marianne Vos qui freina les ardeurs de sa coéquipière partie alors dans l'optique de rouler à fond jusqu'à sauter dans le dernier tour. La patronne lui intima l'ordre de se calmer. Son rôle était de la protéger, pas d'éviter le retour de quelques unités de toute façon probablement lâchées à la prochaine grosse accélération. Hausler, Cromwell, Antonisha et Kuchinskaya purent revenir. Ferrand-Prévot aussi entrevit cette possibilité.

Cela ne dura qu'un temps. Les offensives italiennes ne donnèrent rien : Vos était trop forte, Van den Bregge trop réactive. On entama le dernier tour. Chaque formation se mit en rang pour discuter stratégie. Les Pays-Bas en tête et l'Italie juste derrière. On sentait les autres coureuses perplexes et presque tristes de ne pouvoir aussi établir un plan collectif de bataille. Cela n'eut finalement que la beauté du geste. L'Italie ne parvint pas davantage à décrocher l'impériale Vos. L'américaine Stevens fut même celle qui créa la plus dangereuse offensive. Vite contrôlée.

Vint alors l'ultime difficulté, la Via Salviati et ses pourcentages jusqu'aux 16 %. Johansson était restée planquée dans les roue. Elle se dévoila enfin ; ce fut pour mieux se faire contrer. Le style de Vos laissait percevoir sa force et sa détermination. Elle fut celle qui employa le plus petit braquet, celle qui dans sa danseuse usait le plus de ses bras, s'appuyant sur le rythme de ses épaules pour se dégager plus facilement de la pente. Johansson et Ratto furent impuissantes. Cinq petites secondes les séparaient au sommet. On put croire un instant encore à une arrivée à trois. Le style pourtant affirma le contraire. Ratto et Johansson, fatiguées, ne purent éviter de descendre quelques dents sur leur cassette. Le coup de pédale était lourd, certes efficace, mais loin de l'admirable fluidité de celui de Marianne Vos, posée parfaitement sur sa machine, entreprenante dans les courbes et le regard fixé sur l'avant, sur cette ligne et ce titre qui lui tendaient les bras. La logique visuelle triompha : Vos demeure immense.

Intouchable
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