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Échappés, enfin !

Publié le par Bullomaniak

Tour de France 2013 - étape 14

Dix années en arrière, la course se découpait ainsi : première semaine pour les sprinteurs, deuxième et troisième semaine dédiées au classement général. La bataille des favoris était entrecoupée de ce qu'on appelait encore à juste titre "étapes de transition". Force est de constater leur disparition ; les sprinteurs ne relâchent plus la pression au-delà des premiers jours, à la recherche de la moindre ouverture vers la victoire. Pire ! Les étapes vallonnés sont bien souvent le théâtre d'affrontement entre favoris. Quelle place reste-t-il alors aux échappées de 20 ou 30 coureurs, prenant des demi-heures d'avance ? Bien peu en réalité ; le Tour ne connaît plus guère d'étapes tranquilles, obligeant les coureurs à un effort constant.

Faut-il vraiment être nostalgique de ces étapes plus monotones encore que celles promises aux sprints massifs ? Certes non. Leur raréfication est une bonne chose, signe que la course cycliste a perdu de sa monotonie des années Amstrong. Encore faut-il en laisser une ou deux : ce sont sur ces étapes que certaines équipes peuvent sauver leur Tour. Sojasun, Lampre ou d'autres encore n'attendaient que ce genre d'occasion. Enfin, elle est arrivée. Pour leur malheur, elle profita à une équipe qui n'en avait guère besoin, Oméga-Pharma. Trentin profita des longs kilomètres au bord du Rhône séparant le sommet du quartier de la Croix-Rousse du stade de Gerland. Julien Simon avait bien tenté, vaillamment, de prendre du champ dès les faubourgs de la Duchère. La flamme rouge lui fut fatale, repris par la meute de ses quinze poursuivants, tous plus décidés les uns que les autres à s'imposer. Il était un des plus rapide au sprint ; son panache n'en fut que plus grand. Pour son malheur, la victoire revient non pas au plus courageux, mais au plus malin. Trentin sut s'accrocher dans les contreforts de Lyon, puis se dissimuler dans les roues des plus besogneux. Un sprint final lui suffisait ; il s'impose avec facilité. Ainsi s'acheva l'histoire de la première échappée au long cours de ce Tour ; pas sûr qu'il y en aura d'autres. Certains peuvent s'en mordre les doigts. Le champion du monde Philippe Gilbert risque bien de terminer fanny.

L'autre point qui sur cette étape m'intéresse n'est autre que la ville d'arrivée, Lyon. Evidemment, si j'en parle, chacun peut se douter qu'il s'agit de ma localité. Je n'en ferait pas ici l'apologie ; plutôt je veux marquer l'attention sur le parcours emprunté. Les organisateurs ont choisi un final destiné aux puncheurs, un peu trop dur pour les sprinteurs, mais trop léger pour une réelle sélection, d'autant que l'arrivée n'était pas jugée, comme le Dauphiné l'avait déjà fait, en haut de la Croix-Rousse, mais dix kilomètres plus loin, aux abords du stade de Gerland. Quel gâchis ! Pourquoi arriver si loin, sinon pour favoriser les arrivées groupées ? La foule massée sur les contreforts de Lyon impressionnait par le nombre : comme il aurait été beau de la récompenser par une arrivée moins groupée. Au fil des ans, l'étape de Lyon s'impose souvent comme un rendez-vous des sprinteurs. Tout cycliste lyonnais est indigné de cette absurdité ; l'Ouest lyonnais est composé de nombre de petits cols, certes pas assez difficiles en soit, mais qui usent beaucoup les organismes en cas de répétition. Pire, le sommet de l'un d'entre-eux se trouve à moins de vingt kilomètres du pied de la Croix-Rousse ; il n'y a de plus dans cette descente vers Lyon que peu de parties plates : un professionnel seul peut largement en venir à bout en vingt minutes. Comme il serait beau de faire arriver à Lyon une étape de moyenne montagne, potentiellement piégeuse pour les favoris, au terme de laquelle des coureurs éparpillés arriveraient sur les sommets de la ville, transperçant une foule heureuse de pouvoir admirer la fatigue des champions. C'est un de mes grands rêves du Tour. A titre d'exemple, je laisse le lien vers mon étape-type ci-dessous.

http://www.openrunner.com/index.php?id=2578844

Échappés, enfin !
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