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Éparpillés !

Publié le par Bullomaniak

Tour de France 2013 - étape 8

Seules les Alpes seraient décisives ; les Pyrénées n'auraient qu'un rôle de mise en bouche, de hiérarchisation des favoris. Voilà ce que tout le monde annonçait. Aujourd'hui, on parle carrément de Tour déjà gagné. Pour les Pyrénées en dedans on repassera. Froome s'est imposé seul, loin devant les autres, laissant présager un sacre sans ombrages. Huit kilomètres d'ascension à bloc ont eu raison du moral de ses adversaires.

On s'attendait à une observation jusqu'aux deux derniers kilomètres. Mais dès le Port de Pailhères Gesink attaque, relais probable à Mollema. Voeckler part en chasse. Rien de bien dangereux pour l'instant. Mais soudain Nairo Quintana en personne démarre, laissant sur place ses deux éclaireurs. Il creuse l'écart irrésistiblement, jusqu'à la minute. Rolland, Anton s'énervent et tentent de revenir sur lui. Rolland seul y parviendra, au terme d'une descente acharnée qui lui restera en travers. Quintana finalement arrive dans l'ascension finale avec 25 secondes d'avance sur le peloton emmené par les Sky. Peloton où il manque déjà des favoris.

Tejay Van Garderen a été lâché dans l'ascension, laissant à Evans le leadership. 12 minutes à l'arrivée. Un candidat au podium en moins. Un autre suivra, mais dans la descente. Thibaut Pinot, jusque-là irréprochable se fit distancer dans la descente. Le rythme du peloton à près de 100 km/h l'effraya ; décrochant irrémédiablement, il ne put qu'enliser sa situation avec un ennui mécanique. 6 minutes à l'arrivée.

Une trentaine de coureurs arrivent groupés dans l'ascension finale. Pas très longtemps. Dès le pied Sky impose un train écœurant Tous lâchent plus ou moins vite ; rapidement, ils ne sont plus que six : Valverde, Quintana, Kreuziguer, son leader Contador, les deux équipiers de la Sky Froome et Porte. Mais Contador grimace. Froome le voit ; décide de démarrer à 6 km du sommet. Personne ne peut suivre. A un rythme supersonique Froome avale les kilomètres restant, dans son style atroce. Il peut difficilement faire deux mètres sans baisser la tête et regarder ses genoux en dodelinant des épaules. A l'inverse d'un Cancellara taillé pour un vélo, Froome semble forcer la nature de son corps malingre. Pourtant, que c'est efficace. Au sommet le débours chronométrique est sévère. Plus sévère encore est l'impact moral.

Le Tour est-il joué ? Evidemment non. Quoi qu'on puisse dire, quoi qu'on puisse ressentir, Froome n'a pas gagné. Il a pris un avantage certain. Seulement, le cyclisme n'est pas une science précise. En tennis, un match du n°1 mondial contre un illustre inconnu sera joué d'avance (et encore). En vélo, trop de facteurs sont perturbants. En premier lieu, le vélo est un sport mécanique ; si l'homme ne failli pas, sa machine peut s'en assurer à sa place. Ensuite, le Tour reste long. Très long. Nous n'en sommes qu'à la huitième étape, pas à la veille des Champs-Elysées. Les Pyrénées elles-même ne sont pas achevées. Froome s'est imposé en patron ; à lui maintenant de contenir ses adversaires. Un telle démonstration peut avoir deux effets : anéantir la combativité des adversaires ou au contraire la décupler. La domination de Froome depuis le début de saison a frustré ses adversaires, incitant à la coalition contre le despote. D'autres ont beaucoup perdu. Thibaut Pinot, s'il se remet mentalement, n'aura d'autre choix que d'enflammer la course. Nairo Quintana reste une inconnue, ayant perdu trop de force avant la montée finale. Contador enfin n'était pas à son niveau ; surtout il va avoir le temps de préparer une revanche. Nous n'attendons de lui qu'une chose : qu'il réédite le coup de force de la dernière Vuelta et fasse vaciller la forteresse inébranlable des Sky.

Éparpillés !
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