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Nouvel échec

Publié le par Bullomaniak

Tour de Lombardie 2014

Il y a quelque chose de pourri dans le royaume du cyclisme. Les organisateurs de courses semblent avoir oublié qu'un parcours ne se pense pas seulement pour le final, mais que les routes, les difficultés empruntées en début d'épreuve sont tout aussi importantes. Depuis trois ans l'arrivée à Lecco bloquait le peloton dans une unique configuration : la victoire solitaire d'un coureur ayant distancé ses adversaires dans la dernière ascension sans avoir jamais montré le bout de son nez. Bien sûr que le parcours était à changer. Pour un mythe comme le Tour de Lombardie, quelque chose d'aussi commun et répétitif ne pouvait durer.

En toute logique, c'était ce seul final qui posait problème. Mais plutôt que de garder un parcours très exigeant, passant par le terrible Mur de Sormano, les organisateurs eurent la merveilleuse idée de modifier radicalement le tracé en évitant toute difficulté – juste un petit passage clin d’œil à la Maddona del Ghisallo – et de tout concentrer sur les cent derniers kilomètres. Qu'un monument méprise la majeure parti de son parcours est déjà assez insultant en soi, mais qu'en prime il ne juge même pas bon de placer dans ce final des ascensions susceptibles de pousser les coureurs à l'attaque, persévérant même dans son erreur de placer vingt longs kilomètres de plat avant l'ultime difficulté afin d'être bien parfaitement sûr de rendre improbables des attaques lointaines de favoris, c'en est à se demander si les organisateurs tiennent à voir une course intéressante.

L'ancien parcours avait le mérite, de par la difficulté des côtes empruntées, de laisser entrevoir des possibilités. Sur le parcours actuel on se demande bien où les coureurs seraient censé passer à l'attaque : faire exploser le peloton prendrait un temps assez considérable, et le risque de se retrouver isolé dans la plaine avant d'avoir pu faire la différence sur ses adversaires est trop important pour se permettre ce genre de fantaisie. Pire encore, la bosse finale plus courte, plus facile, laisse espérer à encore davantage de coureurs la possibilité d'accrocher le groupe de tête. Les purs grimpeurs auraient bien pu tenter l'attaque précoce mais Contador n'est Pistolero que sur les course par étapes et Thibaut Pinot dispose d'une équipe trop faible pour ce genre de fantaisie.

Il faut espérer que l'an prochain le parcours soit une nouvelle fois profondément modifié, et cette fois-ci pensé dans son ensemble, que les organisateurs ne se limitent plus à la recherche de la seule ascension finale mais qu'ils songent à retrouver des détonateurs du style du Mur de Sormano. Les courses actuelles associent beaucoup trop démesure et parcours exigeants de bout en bout, mais qu'ils songent à l'effet positif de la Manie sur Milan San Remo ou de la tranchée d'Aremberg sur Paris-Roubaix, à ces portions contraignant les coureurs à lancer les hostilités. Ce ne sont pourtant pas les possibilités qui manquent dans cette grande et riche région qu'est la Lombardie.

Nouvel échec
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T
Merci très beaucoup pour cet article. Continuez.
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