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Inutile détour

Publié le par Bullomaniak

Tour de Pologne 2013 - étapes 1 et 2

La Vuelta et le Giro avaient expérimenté des départs du Danemark ou de Hollande, provoquant davantage la colère des coureurs qu'un quelconque intérêt sportif. La nécessité d'imposer un jour de transfert dès le début des trois semaines de course brisait le rythme du peloton et alourdissait la charge de ma deuxième semaine. Et voilà-t-y pas que la Pologne à son tour s'enfonce dans cette aberration. En mal de cols importants, les organisateurs décidèrent de partir du Trentin, soit deux jours de course suivis d'une pause nécessaire au retour en Pologne.

Le tour de Pologne cherche à se hisser au niveau des grandes courses par étapes d'une semaine, renforçant par le procédé que nous connaissons le rôle de la montagne, conservant ses circuits pour puncheurs, puis s'achevant par un long contre-la-montre. Tout ce qui en théorie fait un Tour de Suisse ou un Dauphiné. Simplement, chercher à copier les autres courses revient d'abord à nier ce qui fait la spécificité de sa propre course, nier la particularité de ses propres routes. La Pologne n'est pas un pays montagneux ; en tout cas les coureurs n'y ont jamais eu à affronter des cols. Le tour de Pologne a déjà trouvé sa particularité : des circuits usants, raides, destinés principalement aux puncheurs. Les rouleurs, les grimpeurs disposent déjà de leurs propres courses d'une semaine. Les puncheurs aussi, mais peu de course préparent aussi bien aux particularités d'un championnat du monde. Les organisateurs ont nié l'identité de leur course, pour un résultat plus que restreint.

Les routes montagneuses du Trentin devaient opérer un sélection. En un sens elle eut lieu : seulement 22 coureurs peuvent encore prétendre à une place au général. Le 23ème pointe à près de cinq minutes. Les écarts entre les premiers sont par contre très restreints. Onze coureurs se tiennent en 22 secondes. Deux étapes destinées aux puncheurs n'auraient pas eu un résultat bien différent, et sans doute aurait-on assisté à une course plus enflammée. On dût se contenter mollement de deux courses de côte. La première fut superbe, chaque coureur attaquant à la suite de l'autre, aucun ne pouvant réellement faire la différence. Le cas est typique ; seuls les monstres du peloton arrivent à partir seuls. Les autres ne peuvent se détacher du groupe, conscient de son soutien moral et physique, trouvant un niveau homogène au leur. De cette mêlée se détacha un homme, attendant patiemment le sprint, Diego Ulissi. La deuxième étape en revanche fut théâtre de la passivité des leaders, refroidis par leur incapacité de la veille à dominer la course. L'ennui heureusement ne vint pas, sauvé que nous fûmes par l'ardeur de Christophe Riblon en ce mois de Juillet. Le coup de l'Alpe d'Huez avait été parfait : il le réédita. Prenant l'échappée victorieuse, s'échappant dès le pied de la dernière ascension, il parvint à tenir le peloton à distance, faire presque jeu égal avec lui, échouant de six petites secondes au classement général. Son exploit ne fut pas aussi grand qu'au Tour, le peloton beaucoup plus résigné. Les choses par contre peuvent aller beaucoup plus loin. Le général n'a pas eu d'importance pour Riblon à l'Alpe. Ici, c'est en favori à la victoire finale qu'il s'impose. Sa fin de saison s'annonce fameuse. Sa victoire et celle d'Ulissi justifient pour eux le détour italien. Pour les autres, il ne sert qu'à briser le rythme.

Inutile détour
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